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PrOTESTER...

C'est le thème que nous avons choisi pour nos animations estivales.

C'est pour nous une réponse à l'actualité de cette année écoulée, avec des mouvements de protestation nouveaux et très présents dans la société.

C'est aussi et surtout une manière de nous interroger sur ce que nous sommes, en tant qu’Église Protestante Unie de France.

 

Voici la définition que donne l'encyclopédie Larousse du XXe siècle de protester : verbe transitif (latin : protestari ; de pro, devant, et testari, témoigner). Assurer fortement, attester formellement.

 

« Le qualificatif « protestant » a, dans un premier temps, été utilisé par les adversaires de la Réforme pour désigner les adeptes de cette dernière après la seconde diète de l'Empire romain germanique à Spire en 1529 »[1].

 

Par la suite, nous avons su nous l'approprier tant dans le sens d'un témoignage vivant de notre confiance en l'humanité et en Dieu, que dans celui d'une réflexion sans cesse renouvelée sur la société et le rôle que nous y tenons.

Protester de notre foi, c'est témoigner de valeurs essentielles pour nous en tant que chrétiens : témoigner de la bénédiction offerte à chaque humain, témoigner de la fraternité universelle qui relie tous les hommes en tant qu'enfants de Dieu, témoigner d'une confiance et d'un accueil inconditionnels à l'opposé des craintes du monde, témoigner de notre responsabilité envers la Création, témoigner que la lumière est plus forte que les ténèbres.

 

Protester n'est donc en aucun cas une forme d'opposition, mais bien plus de proposition, et c'est ce que nous essayons de faire.

 

Il y a pour notre église, comme pour toute église, au moins deux axes de témoignage : un témoignage intérieur, au sein de la communauté, et un témoignage extérieur : une parole publique que l'église adresse au monde. C'est d'ailleurs la méthodologie proposée pour le prochain synode sur l'écologie : réfléchir en termes de message de prêtre (à destination interne de la communauté), et de prophète (à destination de la société).

 

Pour ce qui est de l'ordre du témoignage du prêtre, l’Église est en terrain connu : ce sont là nos activités habituelles et fondamentales : le culte, la catéchèse, l'étude et l'écoute de la Parole, les moments de rencontre fraternels, le conseil presbytéral... Et nous connaissons bien la richesse de ces moments d'église, leur importance dans nos vies, leur action bénéfique sur nos existences.

 

Nous sommes par contre moins habitués à un témoignage tourné vers l'extérieur. Peut-être avons-nous gardé mémoire des années de désert où nous devions avant tout nous cacher, peut-être aussi craignons-nous toute forme de prosélytisme, dans le refus de manipuler ou forcer qui que ce soit... Cependant, il n'en reste pas moins que notre parole doit pouvoir être entendue au-delà de nos cercles, et que notre longue histoire nous autorise à être force de proposition dans la société.

 

Le contexte de Chamonix nous encourage à travailler cet axe du témoignage extérieur : le temple est visité chaque jour par des dizaines de visiteurs, d'où l'importance d'y diffuser des idées par le biais de journaux ou d'expositions. Notre situation centrale dans la ville nous permet aussi d'être un lieu de rencontres pour différentes associations agissant dans des domaines divers. L'image de notre église nous permet aussi de travailler avec les pouvoir publics, notamment municipaux, de manière constructive.

 

Ainsi, nous pouvons protester, publiquement, une vision du monde fondée sur la confiance, le respect et la liberté, et cela tant en paroles qu'en acte.

 

Nous pouvons tenir un discours ferme sur l'accueil des réfugiés, à la suite de l'EPUdF et de la campagne « exilés, l'accueil d'abord ! », en accueillant des expositions et des conférences, et aussi en accueillant ponctuellement des réfugiés dans nos locaux et en réfléchissant à le faire de manière plus pérenne. Et pour chaque personne ainsi accueillie, il y a une brèche qui se crée dans la prison des nationalismes.

 

Nous pouvons parler d'un « accueil inconditionnel », et aussi le mettre en pratique en ouvrant nos locaux à des associations non religieuses, et aussi à d'autres confessions, comme nous le faisons pour le moment avec l'accueil des la communauté musulmane de Chamonix pour la prière du vendredi. Et pour chaque communauté qui se rencontre, il y a une lumière qui repousse les obscurantismes.

 

Nous pouvons plaider la cause des plus faibles et dénoncer les pratiques néo-capitalistes, et inviter à nos fêtes les défavorisés, et leur offrir un bout de jardin pour qu'ils puissent se retrouver autour de la terre. Et pour chaque personne accueillie, il y a un espoir de fraternité qui renaît.

 

Nous pouvons rappeler la responsabilité que Dieu nous a confiée sur Sa Création, et réfléchir à l'avenir de notre paroisse à travers des projets immobiliers respectueux de l'environnement. Et pour chaque initiative prise, il y a un cercle vertueux qui s'enclenche.

 

Et c'est dans ces paroles et dans ces gestes que nous devenons témoins de l'amour qui nous est donné. C'est parce que nous agissons avec confiance que nous pouvons montrer ce qu'est la foi. C'est en refusant de nous enfermer dans des carcans que nous pouvons transmettre l'amour libérateur de l'évangile.

 

Alors, restons protestants et continuons de protester !

Romain Gavache

[1] Pierre Gisel, Encyclopédie du protestantisme, Labor et Fides, puf, 2006

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